Confinement voiture Ep.17 | La flamme n’est pas éteinte

17 avril 2020

 

A l’heure qu’il est, à l’heure où je vous parle, le monde n’est autre que celui que vous avez créé, celui que vous avez façonné à votre image. Humains, seuls souverains face à mère nature que vous n’avez eu de cesse de maltraiter, bafouer. Vous avez créé une société toxique faite de verre et de plastique, de métal et de tours, de technologie, d’informations et de lumières. Pour aller toujours plus haut et dévier la trajectoire des oiseaux. Mais vous êtes opaques, votre vision est aussi sallie que vos océans. Le monde est malade, vous êtes enfermés car la mort est au dehors et dès lors, vous ne pouvez plus baisser les yeux et faire fi de ne rien voir. Votre liberté a été prise en otage au dépens de votre vie. Maintenant vous n’êtes plus le seul juge : vous êtes toujours seul ; comme lors de votre naissance mais ce n’est pas votre libre arbitre qui vous dicte votre conduite face à la communauté humaine. Vos agissements, vos mouvements, définissent la vie ou la mort d’êtres vivants. Vous n’êtes pas tous logés à la même enseigne et c’est le plus malheureux. C’est le propre de votre société idiote de superficialité et d’inégalités.

Vous qui ne vous souciez de rien ou si peu de l’essentiel, tant que ceci ne vous concerne pas, n’entache pas votre confort, plus hypocrites que jamais, regardant les hôpitaux condamnés à supprimer des postes petit à petit pour mieux les fermer, vous applaudissez maintenant les survivants qui nous sauvent nuit et jour ? Individus du tout va pour le mieux dans le meilleur des monde, où est passé votre enthousiasme, entourés de vos grands pontes, rois de la minauderie, vous avez été bien sages et vous avez tout intérêt à le rester car toute révolution au sein même de cette crise d’angoisse généralisée serait caduque. Pourtant vos cerveaux sont en ébullition et vous pensez déjà à votre sortie, bêtes en cage dans les starting block de la liberté conditionnelle. Sachez toutefois que tout bon cheminement ne conduit pas à une mutinerie absolue et durable, face à la cadence infernale de tous les grands blocs vous servant de phares et de bouée en ces temps. Vous êtes conduits par vos marionnettistes à favoriser la grande distribution aux dépens de petites structures entretenues par des valeurs morales, dans une considération de votre planète bien plus éthique. Le monde de la culture est également mis à mal et qui sait combien se relèveront. 

Vous êtes aussi malades qu’une idée née en 1791, dans la tête d’un philosophe qui n’avait pas mesuré l’ignominie de son innovation, qui n’est autre que celle du panoptique et avec elle, celle de la surveillance. Le début des années 1800 a sonné le début de la fin : empoisonnement réel des individus, auxquels on a cru bon de dicter une conduite. Ce que les dominants prétendaient être la bonne conduite. Encore une fois tout est affaire de subjectivité. Tout est affaire de regards bien positionnés et surtout de beaucoup de peur orchestrée par une minorité d’individus, s’étant approprié tout ce que vous appelez « pouvoir » et qui, si on réfléchit bien ne tient pas à grand-chose hormis une obéissance bien docile depuis des centaines d’années. Soumission que vous n’hésitez pas à reproduire avec ce que vous pensez être vos animaux de compagnie et qui d’où je suis, a une étrange allure de mise en abime. Le pouvoir de vous épier d’abord au sein des prisons  car cela a d’abord été une affaire d’architecture au sens propre  a ensuite pris sa place dans d’autres institutions tels que les hôpitaux et les écoles afin d’avoir une vue quasi totale des agissements des hommes sujets à divers troubles et s’est peu à peu installée dans les bureaux et les habitations. Un regard total s’est doucement installé en commençant par des lieux fermés, pour rendre service. Ces architectures sont nées d’un désir de transparence à double dessein, d’une part avoir un contrôle total via la transparence et d’autre part que celle-ci incite à la bonne conduite. Elle est désormais une norme de l’existence contemporaine, elle régit tout : l’architecture est transparente, la lecture des maux du corps, celle du cerveau, la vie privée. Mais tant que le retour de bâton n’est pas effectué, n’est pas immédiat, cette transparence, celle de votre existence, des agissements qui la constituent est invisible à vos yeux.

Vous n’avez pas idée du nombre d’yeux rivés sur vous, car vous n’ouvrez pas assez les vôtres. En revanche, vous ouvrez grand les mains pour piller, prendre, récolter tout ce que vous pourrez mais vous vous trompez, car vous êtes prédisposés à la bêtise. A l’heure qu’il est, à l’heure où je vous parle, des drones inspectent vos villes natales, vos enfants, vos sœurs, vos parents, vos tantes et ils n’hésiteront pas à abattre, comme vous abattez les forêts et tout ce qui peut vous apporter des bénéfices et vous faire asseoir votre domination. Dans tout cela je vois peu d’âmes. Peu de coexistence. 

La flamme n’est pas éteinte. Il est temps de faire jaillir le feu et la lumière que vous convoitez tant. Vous avez dessiné de nombreuses formes d’intelligence, vous êtes vous-mêmes dotez d’une intelligence à mettre au service de votre survie et de votre planète qui vous a tant offert. Votre capacité à faire corps avec la nature dans une écoute et un respect maximal, sera la clef de voute de votre réussite et de la pérennité de l’espèce humaine.

Emma Candice Labarthe

Morceau : Là haut – Hugo TSR

 



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